I.
Le premier jour de l'an 2326, vient de naître. Chez les Dupont, famille très aisée de ce gros bourg, il convient d'être ponctuel à la cérémonie religieuse célébrant l'année nouvelle.
Le père de V., François, la mère Hermine et leurs deux enfants, Marcel et Madeleine arrivent dans la petite église où l'office ne tarde pas à commencer. Si, dans les siècles précédents, les notables ou les nantis ne côtoyaient en ce lieu que leurs pairs, aujourd'hui, les choses se sont assouplies : on peut remarquer dans l'assistance des semi-bourgeois, et même des gens du peuple, accompagnés de leurs épouses et enfants. C'est ainsi que, tout au fond de l'église, un vieil homme taxé de poète farfelu et qui plus est, rebelle, est seul dans son coin. II vient dans ce lieu, chaque fois que les portes sont ouvertes, et s'amuse un brin en observant les personnages de cette pièce annuelle. Jusqu'ici, nul n'a fait attention à lui, sinon l'officiant. Il se plaît donc à "étudier" les comportements qu'il juge souvent inappropriés en un tel lieu.
La vigilance du vieil homme lui a permis de déceler en François un père apparemment noble et distingué, mais brutalisant son ado de fils quand celui-ci s'agite trop sur le banc. Il se prit immédiatement de compassion pour ce garçon à l'air intelligent, bien que probablement peu compatible au goût de son père.
La femme assise au côté droit de l'homme –probablement sa "chère épouse"– s'était, en d'autres circonstances, fait aussi rabrouer par lui, à la sortie de l'office.
Seule, la toute jeune fille qui les accompagne semble avoir droit aux égards paternels : elle occupe la place passager à l'avant du véhicule, la main protectrice de son père posée sur ses épaules ... mais la mauvaise humeur qu'elle affiche souvent contraste vraiment avec la position privilégiée qu'elle semble tenir.
Son devoir religieux accompli, la famille de V. regagne sa demeure. A son arrivée, rituel oblige, François fait venir Virginie, la femme de ménage, au salon. Sans un mot, il lui tend la sempiternelle enveloppe grise du "jour de l'an" dans laquelle est glissé le traditionnel billet "en récompense des bons et loyaux services" rendus dans l'année écoulée, puis tourne les talons…
C. T.
Qu’ils fussent en ligne ou in-situ,
les ateliers d’Arti‘Plume
suscitent de nombreux textes.
D’autres nous sont, plus simplement,
envoyés par des visiteurs de notre site, mais tous peuvent trouver place ici. Nous vous en souhaitons bonne lecture !
Lointains, douloureux souvenirs :
Le froid, la mer du Nord, l'été sur des galets...
Transie d'amours platoniques
Accompagnés de chansons yéyé...
Premier galop sur "Osaka", la gentille jument baie,
Au bord de la forêt de Montmorency...
Chaleur de mai 68,
Pur vent de liberté à treize ans,
Enfin le "droit" pour une fille d'être en pantalon !
Mais les seins nus encore en cachette...
Toute ignorante
mais l'instinct de vouloir vivre libre,
jamais "dressée".